Depuis déjà plusieurs mois, il était de notoriété publique que le groupe Vivendi voulait se séparer de SFR, sa branche télécommunication. Le groupe avait alors fixé à mercredi dernier (soit le 5 mars) la limite pour recevoir les offres de rachat qui furent au nombre de deux : le groupe Altice (Numericable) et Bouygues Telecom. Ce weekend a également vu arriver un petit coup de théâtre provoqué par Free Mobile : un accord de rachat a été signé avec Bouygues Telecom !
D’abord, les offres
Nous savions depuis déjà plusieurs semaines que Numericable était intéressé par SFR. Le rachat devait lui apporter un ampleur plus importante dans tout ce qui concerne l’internet fixe (et notamment le déploiement de la fibre) ainsi qu’un développement de la société dans le mobile. Les activités de la société de Vivendi étaient donc une véritable opportunité de développement de Numericable.
Sauf que Bouygues Telecom s’est également fendu de sa proposition de rachat. Pour la filiale télécommunication du groupe de BTP, c’est également l’occasion de grossir et de dépasser l’opérateur historique en nombre de clients, récupérer les fréquences achetées et les infrastructures mobiles ET fixes déployées par le carré rouge.
Vous trouverez les détails des propositions des deux entreprises un peu partout sur le net (et plus particulièrement sur www.pcinpact.com, qui a réalisé plusieurs analyses très intéressantes que nous vous conseillons).
D’un point vue globale, si l’offre de Bouygues Telecom était retenue, le marché reviendrait à trois gros opérateurs comme avant l’arrivée de Free Mobile. Cette situation est soutenue par M. Montebourg (qui était pour plus de concurrence il y a encore 1 à 2 ans), mais ce ministre semble oublier un point particulièrement crucial : deux sociétés se trouvant sur le même marché déjà très concurrentiel et qui fusionnent, cela signifie un grand nombre de double postes, et donc, même si Bouygues Telecom le nie vivement, un grand nombre de départ.
Mais si c’était l’offre de Numericable qui était privilégiée, alors Bouygues Telecom ferait alors partie des « petits » opérateurs aux côtés de Free Mobile, ce qui, connaissant les tensions entre les PdG, n’est pas pour plaire à BT.
Que vient faire Free Mobile dans cette histoire ?
Le communiqué de presse publié hier annonce qu’Iliad et son farouche adversaire, Bouygues Telecom, ont signé un accord de rachat d’infrastructure. Dans le détail, cet accord stipule que, en cas d’acceptation de l’offre de Bouygues sur SFR, alors le groupe de Xaviel Niel rachètera plusieurs bandes de fréquences (2G/3G/4G) ainsi que le réseau de Bouygues Telecom, pour la modique somme de 1,8 Milliards d’euros (environ).
Cette annonce (qui n’était absolument pas attendue) a fait l’effet d’une bombe, mais est, en même temps, très compréhensible : le rachat de SFR par son petit concurrent va forcément poser des problèmes de monopole.
Bouygues prend donc les devant sur des concessions (qui lui seront très certainement demandées par l’ARCEP) en imposant SES concessions. En revendant son réseau et des fréquences (on ne sait pas lesquelles), BT s’assure que Free Mobile ait plus d’indépendance vis-à-vis d’Orange. De cette manière, Free obtient un vrai réseau mais devra faire encore beaucoup de progrès pour conquérir des clients et l’opérateur historique verra diminuer son revenu issu du contrat d’itinérance d’avec le trublion.
Les jours à venir mettront en avant les choix stratégiques des uns et des autres et nous permettront d’apprécier les différentes promesses (notamment sur l’emploi).